Après 300 kilomètres de pistes poussiéreuses me voilà arrivé dans la grande ville isolée de Tanganyika en Tanzanie. J’ai rejoint cette ville dans un seul but, naviguer sur le lac Tanganyika.
À la recherche d’un bateau2 semaines auparavant j’ai échangé par message avec Fabian qui est l’un des rares hôtes « Warmshowers » en Tanzanie. Il m’avait indiqué qu’il existait des bateaux au départ de Kigoma et qui descendent le lac Tanganyika. Mais Fabian n’a pas pu m’en dire plus. Intrigué, je décide de rejoindre la ville quitte à faire demi-tour.
Lundi 28 juin, j’arrive à Kigoma encore bien fatigué d’une longue journée sur le vélo. Après quelques rencontres pour avoir plus d’informations, je croise la route de Rama. Il m’aide pour trouver une « guest house » pour la nuit et nous dînons ensemble. Au menu Chips Mayai (frites omelette) .Le lendemain matin, nous allons ensemble à Ujiji qui se situe à 5 kilomètres du centre de Kigoma pour trouver un éventuel bateau. Rama joue les traducteurs. En effet, les Tanzaniens parlent Swahili et très peu anglais. Après une longue attente dont je commence à avoir l’habitude ici en Afrique, nous avons réussi à trouver un bateau ! Rendez-vous jeudi 18 h.

L’embarcationIl est 19 h 30, le bateau est arrivé. La première étape est de le rejoindre avec une petite barque. En effet, les lacs de l’Afrique de l’Est ont vu leurs eaux monter considérablement ces dernières années. Les plages, les ports, les maisons côtières, etc. sont mangés par l’eau qui prend de plus en plus de terrain. Le bateau ne peut donc s’approcher de la terre ferme.Il fait complètement nuit. Sur cette petite barque, nous sommes une vingtaine avec chacun ses affaires respectives. Pour ma part un vélo et des sacoches qui me sont très chers. La barque n’était pas étanche et les vagues rendent le moment assez impressionnant. Arrivés à côté du bateau, nous devons débarquer toutes nos affaires. Sur ce lac agité, les femmes montent les premières et nous tendons les enfants à bout de bras. Je suis le dernier avec mon vélo à monter, un gars tiens la barque plaquée contre la coque du bateau de toutes ses forces pour que je passe le vélo au responsable qui prendra soin de mes affaires durant le voyage.
La première nuit22 h, c’est l’heure…de démonter le moteur. J’essaye de communiquer avec le gérant du bateau, mais je ne comprends pas très bien. Après avoir démonté et remonté le moteur plusieurs fois, ils se résignent à installer le moteur de rechange. À 2 h du matin, nous pouvons enfin partir.J’essaye de me trouver une petite place afin d’essayer de dormir. Pour cette première nuit, je dors sur une planche de 1m30 de long pour 40 cm de large (oui oui j’ai mesuré !).La nuit n’était pas chaude et un enfant seul à côté de moi était frigorifié. Je lui propose mon pull pour la nuit et il se blottit à côté de moi pour se réchauffer.Bercé par les vagues je réussis à m’endormir pour quelques heures.

Changement de bateauDurant 3 jours et 3 nuits nous naviguons de village en village pour déposer les marchandises et aussi en récupérer. Le moment le plus marquant a été quand nous avons déchargé des centaines de sacs de ciment et de chaux. Les villageois les plus costauds et téméraires récupèrent les sacs de ciment alors qu’ils avaient de l’eau jusqu’au cou ! Et tout cela en pleine nuit. Je suis totalement scotché par la force qu’ils ont.Après de nombreuses péripéties et de longues heures sur le bateau les passagers sont comme une grande famille, des compagnons de galère en quelque sorte.Je quitte ce bateau et Elysée un jeune du Burundi avec qui j’ai longuement discuté en français. Avec Elysée nous avons eu une discussion bouleversante sur les conditions de vie et la vision du monde qui restera gravé au fond de moi à jamais.Le nouveau bateau pour rejoindre Kipili au sud du Lac Tanganyika est un bateau principalement de passagers. Nous sommes des centaines à être entassés entre les poules, les chèvres et les canards. Les enfants sont sujets au mal de mer et vomissent dans leur t-shirt et, accessoirement, sur mes sacoches. Les différents stops sont l’occasion de laver les t-shirts dans le lac. Et pour finir sur un grand contraste comme j’en vois souvent sur ma route, il y a une télé sur le bateau ! Les gens n’en décrocheront pas les yeux.

Lundi 5 juillet, Il est 18 h et je mets enfin les pieds sur terre. Je trouve une petite chambre pour dormir dans un lit, me reposer et me remettre de toutes ces émotions.
Lac Tanganyika je ne t’oublierai pas !
François